Démystifier l’automutilation

By |2024-02-09T22:52:17-08:00mai 15, 2021|Santé mentale|

Les élèves utilisent différentes stratégies pour faire face aux difficultés et composer avec leurs émotions. Il arrive que des élèves aillent recours à l’automutilation, et ce, pour différentes raisons.

Le personnel scolaire joue un rôle important en matière de promotion de la santé mentale des élèves. Même si l’automutilation peut susciter de l’inconfort et surtout de l’inquiétude, il est important de repérer, comprendre les causes sous-jacentes et référer les élèves vers des services d’aide adéquats.

C’EST QUOI ?

L’automutilation, également appelée automutilation non suicidaire (Non-Suicidal Self-Injury – NSSI)fait référence à toute blessure qu’une personne inflige volontairement à son propre corps, sans avoir l’intention de se suicider. La sévérité des blessures peut varier, de même que les méthodes utilisées (ex : gratter, couper, pincer, mordre, brûler, frapper, tirer, ingérer, etc.).

Même si dans nombreux cas, les blessures sont infligées sans avoir l’intention de mourir, il est important qu’une personne qualifiée puisse évaluer le risque suicidaire.  


POURQUOI ?

L’automutilation sert généralement à exprimer de la souffrance. Les raisons sous-jacentes à l’automutilation sont multiples, notamment :  

  • Composer avec des émotions intenses et un niveau de stress élevé
  • Déplacer la détresse psychologique en douleur physique
  • Se reconnecter à ses sensations
  • Rechercher un sentiment de contrôle face à l’incontrôlable
  • Se punir soi-même ou exprimer de la haine envers soi
  • Alerter des proches

La recherche souligne que l’automutilation peut activer certaines substances chimiques dans le cerveau qui engendrent un effet apaisant à court termeToutefois, ce soulagement est éphémère et peut laisser place à un sentiment de honte, de culpabilité et l’envie de recommencer. 


QUI
?

Sans égard à l’âge ou au genre, les personnes les plus à risque d’avoir recours à l’automutilation sont celles qui présentent des facteurs de vulnérabilité, tels que : 

  • Difficultés de régulation émotionnelle 
  • Difficultés relationnelles 
  • Expériences liées à la violence, l’abus, la discrimination ou autres traumatismes 
  • Image corporelle négative
  • Trouble de santé mentale (trouble anxieux, dépression, trouble de personnalité, etc.)  

Rappel : Toute personne qui a des raisons de croire qu’un enfant a subi de la négligence, de la maltraitance physique, sexuelle ou émotionnelle, a le devoir de signaler la situation au MCFD. Veuillez consulter : Reporting Child Abuse in BC

À noter : L’automutilation n’est pas un trouble de santé mentale en soi et plusieurs personnes qui s’automutilent n’ont pas de trouble de santé mentale. 


QUAND DEMANDER DE L’AIDE ?

La plupart du temps, une aide professionnelle est nécessaire. Des services spécialisés en santé mentale jeunesse sont disponibles pour aider les jeunes à développer de saines stratégies d’adaptation pour faire face à leurs difficultés et résoudre les problèmes sous-jacents.  

Le plus tôt sera le mieux, d’où l’importance de favoriser la collaboration de la personne concernée afin qu’elle accepte de recevoir de l’aide, et ce, dans les meilleurs délais. 


Les capsules vidéo suivantes, réalisées par On parle de santé mentale (Télé-Québec), permettent d’expliquer ce qu’est l’automutilation et d’entendre des jeunes parler de leur expérience :  

Les jeunes qui s’automutilent ont tendance à cacher leurs comportements et leurs blessures aux adultes. Il est parfois difficile de repérer ces élèves, mais voici quelques signes à considérer :  

  • Blessures ou cicatrices inexpliquées 
  • Port de vêtements longs, peu importe la température 
  • Refus de participer à des activités demandant de dévoiler des parties corps (ex : natation) 
  • Présence inhabituelle d’objets pouvant être tranchants ou dangereux  
  • Référence à l’automutilation dans des écrits, dessins, images ou paroles 

À noter : Ces signes ne veulent pas automatiquement dire que l’élève a recours à l’automutilation, mais il est pertinent de rester à l’affut ou d’en informer la personne de l’école qui est formée pour intervenir (selon les directives de l’école) 

Certaines personnes peuvent se sentir mal à l’aise de communiquer avec des élèves qui ont recours à l’automutilation. Malgré l’inconfort, il est important de porter attention à ses réactions pour éviter de contribuer à la stigmatisation et aux obstacles à la demande d’aide des élèves. 


RÉACTIONS À ÉVITER

  • Réagir intensément : les réactions très émotives et empreintes de jugement peuvent renforcer les comportements d’automutilation et entraver la relation.  
  • Avois un discours qui sous-entend un jugement : éviter les commentaires à tendance moralisateurs ou stigmatisants.  
  • Questionner de manière inappropriée : poser trop de questions à propos de l’automutilation pourrait renfoncer les comportements et éloigner la compréhension des causes sous-jacentes. 
  • Permettre ou participer à des discussions explicites concernant l’automutilation : ce genre de discussion risque de renforcer les comportements et peut contribuer à la contagion sociale.   
  • Intervenir au-delà de son rôle : seules les personnes formées devraient faire l’évaluation du risque et accompagner étroitement les jeunes qui s’automutilent. 
  • Promettre la confidentialité absolue : le personnel scolaire doit informer la personne formée de l’école afin qu’elle puisse évaluer la situation et intervenir adéquatement. 


ATTITUDE ET ACTIONS À PRIORISER

  • Acquérir des connaissances au sujet de l’automutilation : développer une compréhension globale de l’automutilation et des pistes d’action à prioriser.  
  • Adopter une attitude calme, respectueuse, discrète et empathique : demander comment ça va, écouter sans juger ni blâmer et valider les émotions vécues.  
  • Respecter le rythme de l’élève : reconnaitre que l’élève n’est peut-être pas prêt.e à en parler ou cesser l’automutilation.  
  • Miser sur le bien-être général : plutôt que de se concentrer sur l’automutilation, porter attention à des éléments qui favorisent le bien-être de l’élève.   
  • Valoriser et encourager la demande d’aide : parler des services de soutien disponibles, des personnes ressources et des avantages liés à la demande d’aide.
  • Référer l’élève à la personne de l’école qui est formée pour intervenir : selon les directives de l’école, informer cette personne de manière confidentielle.

La contagion sociale fait référence à la manière dont un comportement peut se propager et influencer d’autres personnes. Ainsi, lorsque des élèves se rendent compte qu’un pair s’automutile, il y a un risque de contagion sociale. 

Stratégies de prévention

  • Éviter les discussions explicites au sujet de l’automutilation avec les élèves ou entre les élèves.  
  • Apprendre aux élèves à reconnaitre les signes de détresse pour eux-mêmes et pour les autres. 
  • Enseigner et modéliser des stratégies d’adaptation saines pour composer avec des émotions variées et faire face à des situations difficiles.  
  • Démystifier la demande d’aide et faire connaitre des services de soutien disponibles. 
  • Apprendre à connaitre les élèves, observer leurs comportements, être à l’écoute de leurs besoins, identifier les élèves à risque et collaborer avec les services spécialisés de l’école.  

Les références suivantes ont été utilisées pour la rédaction de cet article : 

Les jeunes et l’automutilation (Association canadienne pour la santé mentale) 
Mieux comprendre l’automutilation chez l’ado (Fondation Jeunes en Tête) 
Resources (International Consortium on Self-Injury in Educational Settings – ICSES) 
Resources for teachers and other school staff (Shedding Light on Self-Injury)
Self-harm (Wellbeing.gov.bc.ca)
Self-harm and Suicide (Centre for suicide prevention) 
Self-Injury Outreach & Support (SIOS) 
Self-Injury & Recovery Resources (Cornell Research Program on Self-Injury and Recovery)
Self-Injury (Foundry) 
Self-Injury (Kelty Mental Health Resources Centre)
Understanding Self-Injury/Self-Harm (Mental Health Litteracy)
Young people: self-injury (Visions, Vol. 13, no 2, Here to Help)  

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