Les pratiques sensibles aux traumatismes pour veiller au bien-être

By |2022-07-18T23:57:20-07:00mai 25, 2022|Santé mentale|

Les pratiques tenant compte des traumatismes représentent l’une des stratégies probantes, suggérées par le ministère de l’Éducation, afin de promouvoir la santé mentale des élèves. 

Le ministère de l’Éducation nous encourage à tenir compte des traumatismes potentiels lors des interactions avec les élèves, les collègues et les familles.  

Cet article propose des informations et des ressources dans le but de soutenir la compréhension des pratiques sensibles aux traumatismes et d’aider le personnel à les intégrer au quotidien. 

Les traumatismes chez les enfants et les jeunes font référence aux expériences traumatisantes vécues pendant l’enfance. En anglais, l’acronyme ACEs est parfois utilisé pour parler d’Adverse childhood experiences.   

Un traumatisme est un événement grave qui surpasse la capacité de régulation du système nerveux central d’une personne et engendre des difficultés de fonctionnement. Un traumatisme simple constitue généralement un événement ponctuel, alors qu’un traumatisme complexe est caractérisé par une succession d’événements qui ont lieu sur une certaine période de temps. 

Faire face à l’adversité tôt dans la vie peut entraîner des conséquences à long-terme sur la santé et le bien-être, et peut même se transmettre aux générations futures (pensons au traumatisme intergénérationnel causé par les pensionnats autochtones). Il se peut qu’un enfant ne se souvienne pas d’un traumatisme, mais son corps s’en souvient. 

Les enfants et les jeunes peuvent être confrontés à différents événements traumatiques (en tant que témoin ou victime) qui ont lieu dans leur famille ou leur réseau social, à l’école, dans la communauté : la violence, la négligence, l’abus, l’intimidation, l’abandon, une perte traumatique, un désastre naturel, un accident ou une maladie grave, la guerre, etc. 

Comme nous le savons, le cerveau est en développement jusqu’à l’âge de 25 ans. Le cerveau se développe à partir des expériences vécues, et ces expériences personnelles modifient la structure du cerveau.   

Expérimenter ou être exposé à un événement traumatique pendant l’enfance peut entraver l’architecture cérébrale (le développement du cerveau) et laisser des marques permanentes. Plus le nombre de traumatismes augmente, plus le risque de développer des problèmes à long terme s’accentue. 

À l’inverse, les interactions positives et les relations significatives bâtissent une architecture cérébrale solide.

À visionner : Les bâtisseurs de cerveaux (Palix Foundation, Alberta family wellness initiative).   

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L’exposition prolongée au 
stress toxique engendre une réaction physiologique excessive face à la menace (mécanisme combat, fuite ou paralysie), ce qui amène un état d’hypervigilance constante.  

Exemples de réactions comportementales :

Combat : crise de colère, opposition, comportement agressif et destructeur

Fuite : éviter, se cacher, se distraire, dormir, manger compulsivement

Paralysie : détachement émotionnel, refus de parler ou de faire une activité proposée, regard vide

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Pour en savoir plus au sujet de l’impact des traumatismes sur le cerveau, le corps, la mémoire, les émotions, les comportements, les apprentissages et les relations, consultez le document Making space for learning (Australian Childhood Foundation).

Image provenant du document Making space for learning (Australian Childhood Foundation), p.16

Les pratiques sensibles aux traumatismes visent à intégrer une compréhension et une considération des expériences traumatisantes vécues (passées ou actuelles), dans tous les aspects de la vie scolaire.  

L’objectif est d’éviter d’éveiller à nouveau les traumatismes et de favoriser le sentiment de sécurité et de confiance.  

Entretenir des relations saines avec des personnes bienveillantes et développer un sentiment d’appartenance représentent des éléments fondamentaux.

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4 principes essentiels pour créer un climat de classe sensible aux traumatismes

  • Sensibilisation aux traumatismes : Prendre conscience qu’il est possible que des élèves expérimentent des traumatismes (peut-être causés ou accentués par les répercussions de la pandémie actuelle) qui peuvent influencer leur façon d’apprendre, de socialiser et d’exprimer leurs émotions en classe.
  • Sentiment de confiance et de sécuritéLa sécurité physique, émotionnelle, spirituelle et culturelle sont essentielles. En tant qu’adulte bienveillant.e, développer une relation de confiance avec ses élèves peut permettre de soutenir les élèves qui vivent avec un traumatisme. Plus la relation avec les élèves est solide, plus le sentiment de sécurité sera grand.  
  • Choix, collaboration et connexion Le personnel scolaire peut susciter la participation des élèves dans la prise de décisions qui concerne leur vie scolaire. Ces opportunités de collaboration et de connexion permettent de soutenir les forces des élèves.
  • Stratégies basées sur les forces et la capacité d’adaptation En favorisant la résilience et la capacité d’adaptation des élèves, le personnel scolaire peut aider les élèves à apaiser les déclencheurs liés aux expériences traumatisantes passées et contribuer au processus de guérison.

À visionner : La pratique tenant compte des traumatismes (Alberta Education).   

Dans une optique de promotion de la santé et du bien-être, voici quelques pistes d’action que le personnel scolaire peut entreprendre pour créer un climat de classe sensible aux traumatismes : 
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Pistes d’action individuelles 

  • Réfléchir aux différentes expériences et réalités des élèves et de leur famille.  
  • Développer des connaissances à propos des pratiques sensibles aux traumatismes. 
  • Ajuster notre perception quant aux manifestations comportementales de l’élève. Par exemple : se demander « que lui est-il arrivé? » au lieu de « qu’est-ce qui ne va pas avec lui », croire que le comportement inattendu est attribué à un manque d’habiletés et non à un manque de volonté.  
  • Démontrer de l’ouverture et ajuster ses attentes selon les besoins (forces et défis) des élèves.   

 
Pistes d’action auprès des élèves

  • Établir un lien de confiance avec les élèves, considérant que la relation avec une personne bienveillante est un élément fondamental pour favoriser le sentiment de sécurité. Créer une atmosphère de classe chaleureuse et accueillante. Souligner les « bons coups » des élèves.
  • Dans la mesure du possible, faire preuve de prévisibilité pour augmenter le sentiment de sécurité et de confiance (ex: établir une routine de classe, utiliser un horaire visuel, aviser les élèves à l’avance concernant les changements ou les transitions, fournir un plan de cours à l’avance).  
  • Miser sur les forces et les intérêts des élèves afin de leur faire vivre des réussites. 
  • Créer des opportunités de renforcer le sentiment d’appartenance des élèves envers la classe et l’école (ex : cercles de parole invitant les élèves à participer et s’exprimer, vernissage d’œuvres ou de projets des élèves, attribuer des responsabilités aux élèves).  
  • Donner le temps et l’espace nécessaire aux élèves afin de réguler leurs émotions (ex : coin calme, pause, matériel sensoriel, co-régulation). 
  • Observer et être à l’affut des signes verbaux et non-verbaux de l’élève : tenter d’intervenir rapidement afin de prévenir la détérioration de son état.
  • Prévoir des moments calmes dans la journée (ex : exercices de respiration ou de pleine conscience, étirements, période de lecture, marche à l’extérieur). 
  • Favoriser l’empowerment en donnant la possibilité aux élèves de faire des choix individuels et de groupe (ex : choix d’un thème pour un projet, choix d’une activité pour le temps libre).    
  • Prévenir les élèves lorsque des sujets potentiellement sensibles seront abordés  (ex : anxiété, santé sexuelle, injustices, événements historiques ou d’actualité).  

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Pistes d’action de l’équipe-école

  • Discuter du bien-être tout en respectant la confidentialité.
  • Collaborer, faire preuve de créativité et partager des stratégies aidantes.
  • Référer les élèves qui semblent avoir besoin de soutien à la personne responsable du counselling.

Les ressources suivantes ont été utilisés pour la rédaction de cet article. 

  • Ressources en français (Palix Foundation) : Document bilingue qui propose des fiches d’information à propos de la résilience, l’architecture cérébrale, le stress toxique, les fonctions exécutives, les interactions service-retour. Capsule vidéo : Les bâtisseurs de cerveaux.  
  • Open School BC : Site internet qui propose des stratégies pour créer des environnements d’apprentissage compatissants pour les élèves. 
  • Trauma-Informed Practice (Compassionate Learning Communities Framework) : Site internet qui vise à soutenir les élèves et présente des liens avec les programmes d’études de la province.  
  • Routes of Safety model (Jake Ernst) : Modèle qui présente 8 composantes du sentiment de sécurité en utilisant la stratégie Looks like, feels like, sounds like.   
  • Making space for learning (Australian Childhood Foundation) : Document qui aborde les impacts des traumatismes et propose des stratégies pour intégrer les pratiques sensibles aux traumatismes dans les écoles.
  • Trauma-Sensitive Education (SELspace) : Ressources variées, dont des capsules vidéo produites par The ChildTrauma Academy et Dr. Bruce Perry.

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